Sex & drugs & Formule Dé - Chapitre 5 : Opération Père Noel

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Starring (by alphabetical order) Rascal Atac, Don Charperine, Ernesto Chavez, Don Desperado, Jorge Gomez, Jean Nébavet, Manuel Ortega, Pachacutec, Pancho Villa.

Ce n’était pas la première fois qu’il se rendait au cœur de l’empire Desperados, mais quand même, Rascal Atac avait une bonne boule dans l’estomac, comme à chaque fois qu’il rendait visite à son patron, Don Desperado.
L’hélicoptère survolait la jungle depuis une bonne demi-heure maintenant lorsque, surgie de nulle part, l’immense hacienda apparut. On pouvait clairement voir maintenant les 4 piscines, les 2 terrains de foot, l’aéroport, le golf, et cette villa qui n’en finissait pas d’être immense…
 

Deux hommes attendaient Rascal à sa descente de l’hélicoptère: Ernesto “Big Gun” Chavez et Jorge “Big Burn” Gomez. Pas des tendres. 1m 90, 120 kg de muscle chacun, et de belles moustaches colombiennes barrant des visages peu avenants. Depuis que Rascal avait découvert Tintin, il les surnommait Dupont & Dupond (les Picaros oui! Ndlr).
Après l’avoir fouillé, les deux gardes du corps personnel de Don Desperado escortèrent le nouveau venu dans le saint des saints: le salon privé du Don. Celui-ci jouait paisiblement avec un petit caniche en écoutant le dernier tube du grand Oscar de Leon, le pape de la salsa. L’accolade que se donnèrent les deux hommes, longue et fraternelle, dura une éternité.
-Rascalito, mon cœur s’emplit de joie de te voir.
-Moi aussi Don. Alors? Comment vont les affaires?
-Excellentes, excellentes… Nous venons tout juste d’ouvrir une nouvelle raffinerie, pardon brasserie, au Venezuela et le rendement est optimal. Et toi mon ami? Je tiens à te féliciter pour vos superbes résultats… Cependant…
 

Atac ne put s’empêcher d’avoir une vieille angoisse. Par expérience, il savait que ce n’est jamais bon lorsque le Don prononce “cependant”.
-Cependant, je suis assez tracassé par des petites “broutilles”. Ainsi, j’ai appris qu’un journaliste avait réussi à se procurer nos bandes radio… C’est exact?
-Oui Don, c’est exact.
-J’ai aussi appris que la voiture de Pacha avait été sabotée en Hongrie… Toujours exact?
-Toujours. Mais je tiens à vous faire savoir que personne n’est au courant, même pas Pacha. Il est persuadé que Jessie lui a tendu un piège. Elle lui aurait fait un clin d’œil pour l’attirer et au dernier moment, elle aurait fait un écart. Or elle n’a rien fait! En démontant la voiture, on s’est aperçu qu’une petite bombe à retardement était connectée au klaxon. Elle était réglée pour exploser au troisième coup de klaxon. Un acte de sabotage délibéré…
-C’était donc ça! Puta Madre! Saleté de Péruviens. On leur donne des voitures à 10 millions de dollars et ces cons-là, ça leur suffit pas, il leur faut un klaxon! Enfin… Par contre, chapeau pour le sabotage de la voiture du Bhoutanais, c’était très beau, une belle Cars toute cabossée. J’en ai versé une larme…
-Ben désolé Don, mais ce n’était pas nous…
-Pas vous? Tu veux dire que tu as sous-traité?
-Non, c’était pas nous. Vu les “incidents” de Detroit, on a préféré s’abstenir ce coup-ci…
-Tu est en train de me dire 1) on a une taupe chez nous qui raconte tout à la presse, 2) quelqu’un a saboté la voiture de Pacha, 3) quelqu’un a saboté la voiture de Sam Hu et on ne sait pas qui c’est! Si je te dis qu’en plus la DEA (agence antidrogue américaine) me cherche des noises et qu’un agent de police argentin vient me voir à propos de l’affaire Ramon Diaz, je trouve que ça commence à faire beaucoup!
-Je suis d’accord avec vous Don…
-Bon ok! Ils veulent la guerre, ils vont l’avoir. Rascalito, tu veux que je te dise: y’a quelqu’un qui nous veut pas du bien et à mon avis c’est un coup de ces macaronis de merde. Mon fils Tony va mener une petite enquête discrète avec Ernesto et Jorge. Je te tiendrais au courant. Dans l’immédiat, vous continuez comme si de rien n’était. Vous faites du bon boulot, je voulais que tu le saches.
-Merci Don (soupir de soulagement intérieur très, très intense).
-Bon allez! Assez parlé boulot… Ah non, juste une dernière petite chose.
-Oui Don? (Crispation intérieur très, très intense).
-Il faudra que tu te passes de Pachacutec au Brésil. J’ai besoin de lui pour une mission secrète. Je te laisse le choix du remplaçant.
-On prend Pedro?
-Va pour Pedro. Et maintenant viens, je vais te montrer mon dernier joujou: une Ferrari F40 customisée. Ca devrait te plaire.
-J’peux la conduire? Hein Don? J’peux la conduire? Allez quoi…
La joie enfantine de Rascal Atac à l’idée d’essayer le joujou du Don était sans commune mesure avec la tempête qui se préparait.

Formule Dé Libéré, 25 novembre
Jean Nébavet victime d’une violente agression
Il était 18h hier soir lorsque les passant de la rue Championnet (18ème) ont aperçu notre respectable collègue dans une bien inconfortable posture: pendu par les pieds à son balcon. Visiblement très choqué, comme en attestait l’auréole humide sur son pantalon, notre confrère n’a pas souhaité faire de déclaration. D’après la concierge, deux individus patibulaires se seraient présentés aux alentours de 16h30. Que voulaient-ils? Que cherchaient-ils? Nul ne le sait, a priori même pas Nébavet puisque, dixit, “j’ai rien compris”. Sans doute une sombre histoire en rapport avec le scandale des HLM de Paris. En tout cas, la police mène l’enquête. (de notre correspondant local)

NDLR : Alors que nous préparions la parution, Jean Nébavet est réapparu dans nos locaux avant de partir en congés pour nous livrer quelques précisions: 1) l’épisode est parfaitement anecdotique puisqu’il se penchait juste pour rattraper sa corde à linge, 2) il n’a pas de concierge, 3) si son visage semble légèrement tuméfié, c’est parce qu’il est tombé dans les escaliers, et enfin 4) tous ceux qui prétendent qu’il y aurait un rapport avec le dramatique concours de circonstances dont fut victime ce photographe anglo-saxon qui prétendait avoir des photos de Pacha et Pancho main dans la main dans une boîte gay n’ont rien compris du tout et feraient mieux de s’occuper de ce qui les regarde… (la rédaction intérimaire de la gazette)

Cali, Colombie.
-Don Desperado? Téléphone de Paris, murmura le garde du corps (jamais bon de réveiller le Don…).
-Si?
-Le klaxon est un cadeau de nos amis italiens. Quant aux bandes, c’est un cadeau de Manuel Ortega.
-Bien… Envoyez le Père Noèl. Je répète: envoyez le Père Noèl.
-Ok patron.

Quelque part sur une île perdue du Pacifique sud
Pachacutec adorait siroter sa Margarita les pieds dans l’eau. C’est un des plaisirs que confère la notoriété, estimait-il. Mais là, il était particulièrement servi: Helena, Paquita, Maria et une autre dont il ne se souvenait pas du prénom étaient aux petits oignons avec lui, et Pacha passait ce que l’on appelle des vacances de rêve. Ce fut Pancho qui le sortir de ses rêveries:
-Tu crois qu’il t’en veux le vieux pour dimanche?
-Naaan… Il est cool le vieux…

New York Times, 27 novembre
Une bombe explose en plein Manhattan – La guerre des gangs est relancée
C.K., Manhattan - La nuit dernière vers 3h du matin, une bombe incendiaire a explosé à Little Italy. Cet acte criminel visait le restaurant Casa Italia, plus connu comme le repaire du mafioso Don Charpelini, grande figure de la maffia new-yorkaise. La police a ouvert une enquête mais a peu d’espoir d’aboutir. En tout cas, voilà qui relance de sanglante manière la guerre des gangs et une riposte est à prévoir, mais contre qui?

Quelque part sur une île perdue du Pacifique sud
-Waah, le rascal! Y m’a fait l’exter’, s’exclama Pacha.
-Et encore, t’as rien vu, lui répondit Pancho. Tu vas voir c’que j’vais t’mettre dans le tunnel!
Les deux hommes furent interrompus par la douce voix de Maria-Isabella (à moins que ce ne soit Paquita ou Carmen ou…) leur signalant un appel.
-Vas-y Pacha, je mets sur pause.
-Okay, mais quand j’reviens j’te fais la peau.
Pacha se rendit dans le vestibule et se saisit du combiné tandis que Térésa (à moins que ce ne soit Barbara) lui apportait une nouvelle Margarita.
-Pacha? C’est Rascal, ça gaze?
-Impec’! Bonne idée ces petites vacances, on se repose bien.
-Z’allez en avoir besoin. En tout cas, la voiture est réparée et t’as un nouveau klaxon. Importation suédoise.
-Tu t’fous d’ma gueule?! Un klaxon suédois? Et pourquoi pas une voiture anglaise?
-Ordre du patron Pacha.
-Euuuuuh… Il marche bien?
-Super! 10 mélodies au choix, 2x1000 watts, dolby surround, du solide. Suédois quoi!
-Bon okay. Faut que j’te laisse, avec Pancho on bosse sur les amortisseurs. A plus et mes amitiés au Don!

Sunday Racing World, 4 décembre
Desperados en deuil
A Melbourne, L.H.–L’écurie Desperados, actuel leader du championnat du monde, a eu la douleur de perdre l’un des siens hier jeudi à Melbourne, théâtre du cinquième grand prix de la saison ce dimanche. Manuel Ortega, c’est de lui dont il s’agit, a été victime d’une stupide chute d’hélicoptère alors qu’il reconnaissait le circuit en vue de la course. Il semblerait qu’il ait glissé d’après les deux seuls témoins, messieurs Chavez et Gomez, VIP invités par l’écurie mexicaine. Ces deux hommes d’affaire respectables, profondément choqués, ont juré qu’ils ne remonteraient jamais dans un hélicoptère. Quant à Manuel Ortega, préposé au klaxon sur la voiture du Péruvien Pachacutec, il quitte la FD sur une note tragique. Toute la rédaction du Sunday Racing World s’associe à ses proches et à l’écurie Desperados et compatit à leur douleur.

Quelque part sur une île perdue du Pacifique sud
La balle prit une trajectoire surprenante: à la fois courbe, vrillée et puissante. Une trajectoire qui n’aurait pas déplu au lanceur des Yankees mais que Tiger Woods aurait jugé calamiteuse. Finalement, la petite balle blanche finit sa trajectoire dans la forêt de palmiers, loin, très loin du green. “Puta madre de golf”, ne put s’empêcher de s’exclamer Pachacutec. “Y’en a marre de ce jeu à la con… Y’a vraiment que des Anglais pour inventer un sport de pédés comme ça!” De rage, il balança son club en direction du green et repartit vers la villa. “Tu viens Maria, j’ai besoin de me détendre…
-Okay, mais moi c’est Cynthia, lui répondit la pulpeuse créature.
-Fais pas la gueule Pacha, tenta d’intervenir Pancho. Mais c’était inutile, Pachacutec était déjà très loin et tout ce qu’on pouvait entendre, c’était “Putain d’Anglais…”
Pancho se mit à son tour en position sous le regard amusé de Flora (à moins que ce ne soit Béatriz). “Qu’est-ce qui te fait sourire ma douce? Mes crampons? C’est Nick Faldo qui m’a conseillé de jouer avec des chaussures de foot, ça donne beaucoup plus de stabilité”. Mais Pancho compris que c’étaient plutôt les protège-tibias qui faisaient sourire ça compagne. “Ouais, rigoles! Ca se voit que t’as jamais joué au golf avec Pacha…”

Cela avait été deux semaines de congé très reposantes et très profitables, mais l’heure de partir pour l’Australie avait sonné et ce n’est pas sans regrets que nos deux pilotes quittèrent l’île privée de Don Desperado, et surtout le harem du Vieux.
-Je sais Pancho, je sais… C’est dur, mais on est des professionnels, non?
-Ouais, mais il y a des jours où je préfèrerais être autre chose…

A suivre…
De nombreuses interrogations restent en suspens.
Qui a saboté la voiture de M. Hu?
Comment s’appelle le caniche de Don Desperado?
Qui sera champion du monde?
Qu’est-il advenu de l’enquêteur argentin?
Pacha arrivera-t-il à jouer au golf?
Que préfèrerait être Pancho Villa?
 


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